Affaire Tabaski NGOM et les 700 millions : L’inspectrice du Trésor se décharge et enfonce Moustapha DIOP en brandissant des preuves

L’inspectrice du Trésor Tabaski Ngom a été entendue au fond du dossier des 700 millions FCfa, hier lundi, par les juges d’instruction du Pool judiciaire financier (PJF). Elle s’est déchargée sur l’ancien ministre Moustapha Diop, brandissant une décharge de 200 millions FCfa et un audio pour étayer ses accusations contre le député-maire de Louga, dont l’immunité parlementaire a déjà été levée dans le cadre de cette procédure, rapporte L’Observateur.

Le Pool judiciaire financier carbure à plein régime. Tandis que le Parquet financier, sous la houlette du procureur El Hadji Alioune Abdoulaye Sylla, s’active méthodiquement, le Collège des juges d’instruction ne chôme pas. Les inculpations s’enchaînent, les auditions au fond s’intensifient, comme les battements d’un tambour judiciaire martelant le tempo de la traque annoncée. Ce lundi 5 mai, c’était au tour de l’inspectrice du Trésor Tabaski Ngom de franchir le seuil du cabinet du Collège des juges d’instruction. Face aux magistrats instructeurs Idrissa Diarra et Nelly Secko Dieng, elle s’est pliée à l’exercice rigoureux de l’audition au fond, de 11 heures à 15 heures. Près de quatre heures d’échanges intenses, au cours desquelles l’ancienne agente comptable particulière de la Commission de régulation du secteur de l’énergie (Crse), assistée de ses avocats, a minutieusement vidé son sac, selon les informations de L’Observateur.

Durant l’audition, l’inspectrice n’a pas fléchi. D’un ton calme mais ferme, elle a réaffirmé, avec une constance implacable, les accusations qu’elle porte depuis l’éclatement du scandale contre le député-maire de Louga, Moustapha Diop, dont l’immunité parlementaire a déjà été levée dans le cadre de cette procédure. Elle a martelé lui avoir prêté plus de 700 millions de FCfa. Décidée à démontrer sa bonne foi aux magistrats, elle a transmis, par l’entremise de ses avocats, une décharge de 200 millions de FCfa que lui aurait signée Moustapha Diop en reconnaissance de dette, selon des sources de L’Observateur. Un déballage méticuleux, où chaque pièce versée au dossier sonnait comme preuve de son accusation contre son ancien ministre de tutelle.

Tabaski Ngom a également remis aux juges, toujours par l’entremise de ses avocats, un audio explosif, souffle-t-on dans les colonnes de L’Observateur, présenté comme une pièce à conviction. Il s’agirait d’un enregistrement réalisé à l’insu de tous, dans le bureau de Momath Ba, ancien directeur général de l’Aprosi. Dans ce fichier sonore, on entendrait Momath Ba converser au téléphone avec le ministre Moustapha Diop, ce dernier s’engageant à « trouver une solution » au différend, autrement dit, à la dette contractée auprès de Tabaski Ngom. Ce passage, à lui seul, suffirait selon l’inculpée à établir l’implication des deux hommes dans l’affaire.

Quant aux sommes restantes, non couvertes par une décharge ou un quelconque justificatif, l’ancienne ACP de la Crse a invoqué une relation de confiance avec Moustapha Diop, admettant ne pas avoir jugé utile, à l’époque, d’exiger une trace écrite. D’après L’Observateur, cette relation de proximité pourrait expliquer l’absence de formalisme dans certains transferts.

Inspectrice du Trésor arrêtée par la Division des investigations criminelles (Dic), suite à une plainte du président de la Commission de régulation du secteur de l’énergie (Crse), Tabaski Ngom avait formulé une plainte contre l’ancien ministre Moustapha Diop qu’elle accusait lui devoir plus de 700 millions FCfa. Ce qui ne l’a pas sauvée. Elle a entraîné dans sa chute Mor Guèye, directeur des entreprises Webcom.Sen et Sen-Setal, et Momath Ba, ancien directeur de l’Aprosi. Comme le précise L’Observateur, Tabaski Ngom, désignée comme étant la pièce maîtresse de ce carnage financier présumé, a été inculpée pour les infractions d’association de malfaiteurs, détournement de deniers publics, faux et usage de faux en écriture publique, faux et usage de faux en écriture commerciale et de banque, blanchiment de capitaux.

N’ayant pas d’échappatoire à cause des lourdes charges pénales retenues contre elle, l’inspectrice du Trésor a été placée sous mandat de dépôt. Mor Guèye a subi le même sort. Le patron des entreprises « Webcom.Sen » et « Sen-Setal » n’a pas réussi à prouver son innocence face au juge qui l’a inculpé au même titre que Tabaski Ngom et envoyé en prison. Selon L’Observateur, Momath Ba, l’ancien directeur de l’Aprosi, inculpé lui aussi pour les mêmes infractions, a été plus chanceux que ses camarades d’infortune. Il a échappé de justesse à la prison grâce au paiement d’une caution. Ses proches se sont fortement mobilisés pour lui éviter la prison en cautionnant la somme de 90 millions FCfa.

Malgré ses accusations, Tabaski Ngom n’est pas encore confrontée à Moustapha Diop. Des sources de L’Observateur assurent que les deux ne peuvent être confrontés pour le moment. La raison est que Moustapha Diop n’est pas encore installé dans la procédure. Toujours d’après L’Observateur, il faut que le député-maire de Louga soit inculpé dans le cadre de cette procédure pour pouvoir être confronté à l’inspectrice du Trésor.

Il peut même être confronté aux autres inculpés, à savoir Momath Ba et Mor Guèye. Une demande de mise en liberté provisoire, sans caution, risque d’être compliquée pour Tabaski Ngom, selon les prévisions judiciaires rapportées par L’Observateur.

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